La gestion mentale est une pédagogie très intéressante et recommandée pour ce public puisqu'elle respecte le fonctionnement de chaque individu.
Qu'est-ce que la gestion mentale?
La gestion mentale a été élaborée par Antoine de la Garanderie, qui a décrit très finement les processus mentaux d'apprentissage. Cette approche vise donc à explorer les processus mentaux dans leur ensemble. Elle permet donc une analyse cognitive de l'individu se fondant sur ses habitudes mentales. Cette approche nous apprend qu'il faut "connaître son équipement "pour pouvoir l'utiliser. Il n'y a pas de méthode unique, chaque enfant ou ado doit découvrir la sienne. Les progrès sont donc toujours possible. Encore faut-il avoir conscience de son propre équipement....
Pour connaître son équipement, il faut que je sache comment je m’y prends pour apprendre. Antoine de la Garanderie propose pour cela une approche scientifique de cette question fondamentale , en faisant deux hypothèses :
-il existe des structures mentales de l’apprentissage,
- l’expérimentation permet de les décrire et donc de les transmettre.
En clair:
Mon esprit doit, pour apprendre, emprunter des modes de fonctionnement précis. Si je ne les ai pas trouvés tout seul, ou si ceux que je pratique sont imparfait, je peux les acquérir pour peu qu’on me les indique.
LES BASES DE LA MÉTHODE LA GARANDERIE: LES BONS GESTES MENTAUX
Geste mental, l’expression peut paraître abstraite: comme l’apprentissage se passe dans notre tête, nous pensons que l’on ne peut pas en décrire le mécanisme. C’est tout l’inverse: on peut observer nos gestes mentaux comme nos gestes physiques. Lorsqu’on débute dans un sport, on vous apprend les gestes à faire pour tenir une raquette, virer à skis, ou guider un cheval.
Il y a aussi des gestes à faire pour apprendre : et il est tout aussi difficile et long de les inventer tout seul. On peut sans doute apprendre à nager sans aucun conseil: à force de « boire la tasse », on inventera plus ou moins adroitement les mouvements à faire pour tenir sur l’eau et pour avancer. Il y’a une chance sur deux pour que l’on se décourage. Si l’on réussi, il y a de fortes chances pour que l’on se débrouille, mais en restant tout au long de sa vie un nageur médiocre: il aura manqué l’apprentissage des gestes réellement efficace, ceux qui assurent à la fois l’élégance et la vitesse, c’est-à-dire la meilleure économie des mouvements. On aura perdu du temps sans devenir vraiment un bon nageur.
Cet empirisme laborieux et inutile, c’est pourtant ce que vivent bon nombre d’enfants dans leur parcours scolaire, notamment les jeunes HP. Ils doivent apprendre à apprendre sans qu’on leur dise comment faire. C’est Antoine de la Garanderie qui pour la première fois à décrit ces gestes d’apprentissage: on peut décrire par des mots ce qui se passe dans notre tête , on peut enseigner les gestes « corrects » qui nous rendent intellectuellement performant.
Avant de décrire ces geste, j’aimerais qu’on s’arrête un instant sur la notion d’apprentissage. En fait, l’apprentissage n’est pas seulement liée à l’école: nous apprenons toute notre vie. L’apprentissage est une activité complexe qui fait appel à plusieurs capacités complémentaires : la capacité de saisir, celle de comprendre, celle de retenir, celle d’appliquer. Apprendre, c’est tout d’abord être capable de capter, dans la réalité qui nous entoure, ce qui mérite d’être observé de près ; c’est en saisir le fonctionnement, établir des relations avec ce que nous connaissons déjà ; puis le stocker pour pouvoir, à la demande, l’utiliser dans une situation d’application. Pour capter, il faut être capable d’attention ; pui interviennent la compréhension et la réflexio. Chacune de ces phases préparé la suivante, mais doit permettre aussi de faire retour, à la demande, sur ce qui précède : l’attention ouvre à la compréhension ; mais la mémorisation permet de retrouver celle-ci pour l’appliquer à une situation nouvelle. Pour apprendre, Antoine de la Garanderie a identifié 5 gestes mentaux que sont les gestes d'attention, de mémorisation, de compréhension, de réflexion et d'imagination créatrice.
Pourquoi cette méthode est parfaitement adaptée aux élèves HP, précoces et surdoués ?
Le jeune précoce, qui emmagasine la plupart du temps les informations sans aucun effort, est souvent inconscient des procédures mentales qu’il utilise. Ceci peut être source pour lui de blocage dans de nombreux apprentissages. Il est donc fondamental de l’entraîner dès son plus jeune âge à prendre conscience de la manière dont il s’y prend pour acquérir ses connaissances. La gestion mentale, grâce au dialogue pédagogique comme outil privilégié d’introspection et à la découverte des gestes mentaux d’apprentissage, va susciter pour lui une aide dans la découverte de ses stratégies mentales et donc du développement de son potentiel cognitif.
En lui faisant prendre conscience de ce qu’il fait mentalement mais aussi de ce qu’il pourrait faire pour développer son potentiel et être plus efficace face aux apprentissages, le jeune Haut Potentiel reprendra le goût d’apprendre.
Par ailleurs, la gestion mentale débouche sur une pédagogie du projet : A. de La Garanderie disait de l’être humain qu’il se caractérise par sa capacité à faire des projets. Il est donc très important de guider l’enfant précoce dans l’anticipation de ses actes, de ses projets, de ses défis par un questionnement sur les moyens d’y parvenir. Ce sera pour lui, souvent économe quant à l’effort à fournir, l’occasion d’un entraînement continuel qui le rendra « acteur » de sa démarche, condition indispensable à la motivation et à une évolution positive.
De cette notion de projet, la gestion mentale rencontre une autre particularité des enfants à hauts potentiels : il s’agit de la recherche de sens. En effet, celle-ci fait partie intrinsèque de leur fonctionnement, elle motive leur pensée et leur procure la sécurité. Tout doit avoir un sens. Or la gestion mentale est une approche basée sur ce concept puisqu’elle a pour but de faire émerger ce qui fait sens pour une personne dans des situations d’apprentissage. Autrement dit, quels éléments parlent à la personne pour pouvoir être attentive, mémoriser, comprendre, réfléchir, imaginer ? La découverte de ce « sens » va lui permettre de (re)trouver une plus grande efficacité face à une situation donnée.
Un autre apport de la gestion mentale à destination des enfants précoces est qu’elle favorise l’installation d’une relation de dialogue avec les intervenants et avec les parents. L’enfant précoce a fondamentalement besoin d’un cadre pour se sentir en sécurité, cadre dont il va sans cesse tester la solidité. Par ce fait, le risque est quelquefois grand de créer autour de lui des réactions plus ou moins négatives tant dans le milieu familial que scolaire. Or instaurer un climat de confiance est une condition essentielle d’une pédagogie adaptée : un enfant ne pourra apprendre que si les relations avec son entourage sont positives. Le dialogue pédagogique pratiqué en gestion mentale, de par les conditions dans lesquelles il doit être conduit mais également au travers de la notion même de projet qui remet l’enfant au centre de sa démarche, constitue un élément qui aide à poser les bases d’un dialogue dont la rupture peut être lourde de conséquences pour le jeune.