Le geste d'attention
Par ce geste mental, l'élève fait exister mentalement l'objet perçu.
Pour être attentif, l'élève:
-entend avec le projet de ré-entendre, voir ou dire dans sa tête;
-regarde avec le projet de re-voir, dire ou entendre dans sa tête.
PERCEPTION
Avant même de le percevoir, je me donne le projet d'évoquer l'objet.
L'objet est présent.
Je peux le sentir, le goûter, le voir, le toucher ou entendre le son qu'il produit.
Quand j'observe un objet, avec le projet de l'évoquer, je peux:
- regarder l'objet ainsi que tous les détails qui le composent;
- me parler de cet objet;
- préciser ma perception en me décrivant les détails de cet objet;
- écouter une personne me dire les détails que je dois observer.
ÉVOCATION
L'objet est absent.
Quand l'objet n'est plus là, je le fais revenir dans ma tête, soit:
- en me parlant de cet objet et des détails que j'ai perçus;
- en revoyant l'objet perçu avec tous les détails qui le composent.
Le geste de mémorisation
Par ce geste mental, l'élève place ce qu'il veut retenir dans un imaginaire d'avenir.
Pour mémoriser, l'élève:
- a le projet de mémoriser, c'est-à-dire re-voir, ré-entendre ou re-dire (geste d'attention) dans un imaginaire d'avenir;
-encode ce qu'il veut mémoriser (il se donne des trucs mnémotechniques pour mieux fixer et retrouver l'objet à mémoriser);
-évoque visuellement ou auditivement l'objet et le truc (il effectue des aller-retours jusqu'à ce que l'objet évoqué soit conforme à l'objet de perception);
-réactive l'objet et le truc évoqués (il s'entraîne à réciter ce qui a été évoqué dans une situation future d'utilisation).
Selon Antoine de la Garanderie: "La mémoire est une fonction de relation à l'avenir. Son projet est de lancer dans l'imaginaire de l'avenir ce que l'on veut y retrouver." Les personnes qui apprennent sans avoir de projet d'avenir, qui font un simple acte de répétition dans le présent, ne mémorisent pas.
Voici, pour mieux saisir, un exemple qui illustre le geste de mémorisation.
L'élève projette de mémoriser le mot pomme. Il encode la difficulté (truc mnémotechnique). Il évoque visuellement ou auditivement le mot. Il imagine l'utilisation future qu'il fera de ce mot.
Perception: -Je vois le mot pomme ou j'entends le mot pomme.
-J'observe la difficulté; je me dis que dans pomme il ya deux "m".
Évocation du mot: Je vois, j'entends, je me dis le mot pomme et sa difficulté.
Évocation d'un avenir de réutilisation: J'imagine la situation où j'aurai à utiliser le mot pomme.
Le geste de compréhension
Par ce geste mental, l'élève confronte ce qu'il évoque et ce qu'il perçoit avec le projet de donner sens à l'objet de perception.
Pour comprendre, l'élève:
-évoque ce qui est perçu (évocations visuelles, verbales ou auditives). Si l'élève évoque visuellement, il comprend dans le cadre de l'espace. Sa compréhension surgit à partir d'une évocation visuelle de globalité qu'il enrichira progressivement, qu'il détaillera. Si l'élève évoque auditivement, il comprend dans le cadre du temps. Il prend appui sur des repères chronologiques (d'abord, après, enfin);
-fait des allers-retours entre ce qu'il perçoit et ce qu'il évoque.
Voici, pour mieux saisir, un exercice qui illustre le geste de compréhension.
"Paul mange une pomme, un sandwich tomate et de la macédoine. Quel est le repas de Paul?"
Vous avez probablement fait des évocations visuelles, verbales ou auditives (paramètres concret ou littéral) de la phrase perçue et vous lui avez donné un sens. En répondant à la question, vous avez fait appel à vos images auditives, verbales visuelles. Vous avez donc fait un geste de compréhension.
Le geste de réflexion
Par ce geste mental, l'élève fait un retour sur ses acquis (connaissances, règles, expériences) avec le projet de les utiliser pour répondre à une question ou résoudre un problème.
Pour réfléchir, l'élève :
-évoque ce qui est perçu (évocations visuelles, verbales ou auditives);
-confronte ces évocations à ses acquis;
-choisit parmi ces évocations celles qui lui serviront le mieux et les "fléchit" pour leur donner la forme qui répond à la question posée.
Voici, pour mieux saisir, un exercice qui illustre le geste de réflexion.
Après avoir lu la phrase dans l'énoncé, observez votre procédure mentale. Comment avez-vous fait pour évoquer la phrase? Pour répondre à la question? Prenez le temps de créer un "ralenti mental", de faire de l'introspection. Ensuite, lisez les remarques.
" Paul mange une pomme, un sandwich tomate et laitue et de la macédoine. Quels fruits Paul mange-t-il?
Vous avez fait des évocations visuelles, verbales ou auditives (paramètres 1, 2 et 3) de la phrase perçue. Vous avez confronté vos évocations à vos acquis: votre connaissance des fruits et des légumes.
"La pomme est un fruit (analogie de similitude). Dans le sandwich, il y a de la laitue, mais la laitue n'est pas un fruit (analogie de différences). Il y a des tranches de tomates, et la tomate est un fruit (analogie de similitude). Dans la macédoine, si c'en est une de légumes, il y a des carottes, des fèves et des petits pois; ce sont des légumes (analogie de similitude) ou ce ne sont pas des fruits (analogie de différence). "
Lorsque vous avez répondu à la question, vous avez choisi, parmi vos évocations, les plus utiles et vous les avez "fléchies" pour leur donner la forme qui répondait à la question posée. Vous avez donc fait un geste de réflexion.
Le geste d'imagination
Par ce geste mental, l'élève écoute ou regarde le monde Ave le projet de découvrir ou d'inventer.
Pour imaginer, l'élève:
-évoque ce qui est perçu (évocations visuelles, verbales ou auditives);
-s'approprie ce qu'il perçoit (il s'incarne dan l'objet ou il l'accompagne);
-effectue des transformations;
-anticipe l'utilisation future de cet objet transformé.
Avant même de percevoir l'objet, l'élève projette de rechercher dans ce qui est vu, ce qui peut être vu autrement; dans ce qui est entendu, ce qui peut être entendu différemment.
Certains élèves visent la découverte, d'autres l'invention. La démarche des découvreurs diffère de celle des inventeurs.
L'inventeur:
-son projet est de transformer, d'ajouter quelque chose à la réalité pour l'améliorer, pour pallier un manque. Son projet vise l'application.
-Il cherche le comment des choses. Il a l'intelligence de ce qui peut être.
-Il s'intéresse aux objets fabriqués; il a la curiosité de leurs mécanismes.
-Il a le sentiment que c'est autre choses que ce qu'on lui explique qui lui permettrait de comprendre; il est trop longtemps insatisfait.
Le découvreur:
-son projet est de mieux connaître les richesses de cette réalité pour l'exploiter, lui apporter un sens nouveau. Son projet vise l'explication.
-Il cherche le pourquoi des choses. Il a l'intelligence de ce qui est.
-Il cherche des explications à des phénomènes que la nature lui offre; il s'intéresse plus aux êtres qu'aux objets.
-Il a le sentiment de comprendre ce qu'on lui explique; il est trop vite insatisfait.
Prenons un exemple: si je vous dit le mot "pomme", vous pouvez:
-voir une pomme: c'est une évocation visuelle direct.
-vous voir manger une pomme: c'est une évocation auto-visuelle.
-entendre la voix d'une personne dire le mot pomme:c'est une évocation auditive direct.
-entendre votre voix dire le mot pomme: c'est une évocation auto-auditive.